Publié le 26 décembre 201628 décembre 2016 par Sam
En mer, la sécurité s’appuie beaucoup sur la solidarité des marins. Nous devons porter assistance lorsque nous sommes en mesure de le faire en toute sécurité. Il est assez fréquent de devoir remorquer un bateau, souvent une petite unité. La manoeuvre est tout à fait facile à réaliser, pour le peu d’y être préparé et de respecter quelques précautions simples mais indispensables.
Quand intervenir pour remorquer un bateau en mer ?
Panne de carburant, voilier immobilisé faute de vent, avarie moteur… les opportunités de se rendre utile en mer sont nombreuses. La règle est simple : si vous avez en visuel un bateau en difficulté ou si un message radio (PAN PAN) vous informe de sa présence à proximité, vous devez, sauf instruction contraire lui porter assistance. Par conséquent, à moins qu’un bateau plus approprié ou une bateau de secours ne prennent en charge l’assistance, vous allez devoir vous préparer à prendre le bateau en remorque.
Avertissez par radio le CROSS ou la capitainerie si vous êtes à proximité d’un port. Si c’est le CROSS qui a transmis le message PAN PAN, il suivra votre opération et vous proposera un canal radio de dégagement. Si le remorquage est à votre propre initiative, avertissez le CROSS sur le canal 16. Le CROSS et la capitainerie du port feront en sorte de vous faciliter l’accès et la manoeuvre. Pensez à avertir le CROSS également une fois tout le monde rentré à bon port.
Avant de remorquer un bateau, chacun doit se préparer
Avant toute opération, équipez vous de vos gilets si ce n’est déjà fait, et rangez au mieux votre bateau pour favoriser vos déplacements à bord (cannes à pêche, glacière…).
Préparez ensuite le matériel pour le remorquage : une patte d’oie, un bout de remorquage et la gaffe. Attention, si vos cordages ne sont pas flottants, essayez de les équiper d’un flotteur.
Dans l’attente du remorquage, les équipiers du navire en difficulté doivent préparer les filins et l’amarrage avant. Avant tout, ils se mettent en sécurité en s’équipant de gilets de sauvetage. Au moment de la rencontre des deux navires, il est conseillé, par mauvais temps ou forte houle, de se passer la remorque à l’aide d’un filin souple (touline) dans le but de faciliter l’opération.
La règle veut que cela soit la remorque du bateau en difficulté qui est utilisée. La remorque est alors reliée au bateau remorqueur à la ‘’patte d’oie’’ de son arrière à l’aide d’un nœud coulissant (par exemple un nœud de chaise) ou par un mousqueton adapté. C’est grâce à ce coulissement que l’effort de traction sera bien réparti sur les deux taquets du remorqueur.
De l’autre côté, la remorque est fixée à la bitte d’amarrage du remorqué ou bien à sa patte d’oie (dans ce cas, toujours avec un nœud qui coulissera pour les mêmes raisons de répartition des charges).
On convient avec le remorquer d’un canal privé (si il a une VHF) pour échanger durant le trajet (les canaux à utiliser sont le 6, le 8, le 72 et le 77 mais surtout pas le 16).
On embarquera si la mer le permet les équipiers en surnombres sur le remorqué suivant vos propres capacités d’emport, il vaut mieux tracter du léger, on ne laissera qu’une ou deux personnes à bord
Avant de commencer le remorquage, on prendra quelques précautions pour faciliter ce que l’on pourrait appeler une ‘’mise en ligne du bateau remorqué’’. Si le remorqué possède un hors-bord, il faudra laisser l’hélice dans l’eau afin d’éviter de transformer le bateau en savonnette qui se déplacerait sans cesse de droite à gauche !… S’il s’agit d’un in-bord, on pourra favoriser la ‘’mise en ligne’’ en traînant une ancre flottante ou à défaut une ancre ordinaire au bout d’un filin de quelques mètres.
Le remorquage peut débuter. En fonction de l’état de la mer, la tension de la remorque se fera avec précaution pour éviter les à-coups et ainsi tester et serrer les nœuds qui viennent d’être confectionnés.
Le capitaine du bateau remorqué restera à sa barre pour favoriser en permanence, autant que possible, le maintien de son navire dans le sillage de celui qui le tire et ses équipiers resteront à l’arrière sans jamais s’aventurer à l’avant car ils seraient exposés à une rupture brutale de la remorque, scénario toujours possible.
La rupture d’un bout soumis à des efforts de plusieurs tonnes peut causer de graves blessures. Les équipiers du remorqueur restent devant la console pour les mêmes raisons de sécurité.
Sur le remorqueur, un co-pilote regardera en permanence la remorque pour guider le pilote et sa vitesse.
A l’approche du port, il est nécessaire d’avertir la capitainerie sur le canal dédié afin qu’elle se prépare à assister la manœuvre d’accostage si besoin avec ses canots pneumatiques. Il est préférable de remonter le chenal dans les conditions de remorquage normales en ayant toutefois réduit la longueur de la remorque car il est possible de croiser d’autres navires.
Enfin, il est important de se souvenir que la priorité absolue, lors d’un sauvetage, c’est avant tout la sauvegarde des vies humaines et que, dans le cas de mauvaises conditions (météo, proximité des rochers, etc…), il est préférable de faire appel aux spécialistes du sauvetage que sont les sauveteurs de la SNSM, par l’intermédiaire du CROSS. N’hésitez jamais à renoncer si vous estimez que vous mettez en danger votre propre embarcation. Le CROSS, une fois avisé, déclenchera des moyens plus appropriés.
Quelle assurance en cas de sinistre pendant le remorquage en mer ?
Les dommages, suite au remorquage d’un bateau de plaisance, sont normalement pris en charge par votre garantie pertes et avaries. Les dommages causés par le remorqueur (tableau détérioré par filin, collision des 2 bateaux, etc ) relèvent de la même garantie : pertes et avaries garanties par le contrat du navire remorqué. D’où l’importance de prevenir les Autorités qui gardent traces des appels.
Voici la liste du matériel qui devrait se trouver à bord de tout bateau de plaisance :
- deux mouillages car le premier pourrait avoir été perdu ou tout simplement être à l’origine de votre remorquage si par exemple son filin se trouve dans votre hélice (cela arrive couramment). Le deuxième mouillage vous permettra d’éviter une dérive dangereuse et ainsi d’attendre les secours en restant sur la position signalée, ce qui est primordial ;
- une ancre flottante peut également éviter une dérive trop rapide, il faut y penser.
- un filin de remorquage suffisamment long, minimum 20 m, 30 m c’est mieux. Il permettra une ‘’remorque’’ de 60 m (2 x 30m puisqu’il y a deux bateaux en présence). Par gros temps, cette remorque ne sortira pas de l’eau, ce qui aura pour effet d’amortir les chocs. Il faut toujours avoir à l’esprit que les efforts s’exerçant sur la remorque peuvent représenter plusieurs fois le poids du bateau remorqué ou remorqueur, soit plusieurs tonnes, cela fixe les idées ! Considérant la taille et le poids de nos bateaux de plaisance, le diamètre du filin sera de 16 mm, on évitera le polypropylène, de moindre résistance, même si il flotte.
- un bout de quelques mètres qui servira à confectionner une ‘’patte d’oie’’, c’est le systeme qui reliera les deux cadènes arrière du bateau remorqueur, si le remorqué est léger le dispositif pour bouée ou wake est suffisant